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Variations saisonnières et ontogéniques des interactions trophiques : Etude des poissons de Manche – mer du Nord à plusieurs niveaux d’organisation
Les interactions trophiques sont à la base de nombreux processus régissant la structure et le fonctionnement des écosystèmes. Cependant, de nombreuses sources de variations sont mal connues comme les variations saisonnières et ontogéniques. Ces variations ont été appréhendées à plusieurs niveaux d’organisation, l’assemblage, l’espèce et l’individu dans les écosystèmes de Manche orientale (MO) et de la baie sud de la mer du Nord (BSMDN).
Ces variations ont été tout d’abord étudiées en analysant les isotopes stables du carbone (13C) et de l’azote (15N), qui fournissent des informations sur l’utilisation des ressources et de l’habitat dans un espace à deux dimensions. Ces analyses ont été réalisées sur plusieurs tissus en raison de leurs différents temps d’intégration reflétant l’assimilation selon différentes périodes de temps. Ces analyses ont été couplées aux analyses des contenus stomacaux. Si l’analyse des isotopes stables apporte une information intégrée de l’alimentation sur des périodes de temps variables selon le tissu étudié, l’analyse des contenus stomacaux apporte une information à court terme de l’alimentation.
A l’échelle de l’assemblage, Le couplage entre les habitats benthique et pélagique est apparu comme une caractéristique importante de l’écosystème de Manche orientale, en raison de sa faible profondeur, ainsi qu’à la combinaison de deux processus écologiques. Premièrement, les interactions trophiques ont révélé une plasticité trophique pour la plupart des espèces de poisson de l’assemblage étudié ainsi qu’un partage des ressources. Deuxièmement, les changements de composition de l'assemblage de poissons n'ont pas eu d'impact sur le couplage bentho-pélagique car la plupart des espèces dominantes se sont généralisées au cours d'une période donnée, ce qui a permis une utilisation complète de toutes les ressources disponibles. Des analyses plus approfondies ont été réalisées sur le merlan qui est l’espèce dominante en Manche orientale et au sud de la mer du Nord en hiver, et ont révélé des changements saisonniers et ontogéniques d’alimentation pour cette espèce. Enfin, au niveau individuel, les espèces ont tendance à être généralistes mais composée d’individus spécialistes le long des axes du 13C et du 15N. Les espèces tendent à élargir leur niche principalement via une augmentation de la variation d’alimentation entre individus. Ce comportement peut être une stratégie pour limiter la compétition, stratégie peut-être favorisée par l’important couplage bentho-pélagique offrant une grande diversité de ressources pour les espèces.
Cette étude a montré l’importance de considérer les changements ontogéniques et saisonniers des interactions trophiques. Renseigner ces changements dans les modèles écosystémiques augmenterait leur capacité à saisir la complexité des écosystèmes marins et à informer la gestion des pêches. Modéliser ces effets à plusieurs niveaux d’organisation est nécessaire afin de prédire les effets du changement global sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes.
Mot-clé(s)
isotopes stables, niveaux d’organisation, niche, compétition, couplage bentho-pélagique
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Version officielle éditeur | 283 | 5 Mo |