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SUPPORT - SUivi de l'eutroPhisation du PORT de Saint-Malo. Année 1
L’eutrophisation portuaire est un phénomène connu mais mal étudié. Il n’est pas rare d’observer des colorations d’eau liées à des blooms de microalgues (phytoplancton) en saison estivale dans les ports. Ce type de déséquilibre peut conduire à de graves effets pour l’écosystème en place, jusqu’à la mortalité massive d’animaux provoquée par une anoxie (pas d’oxygène dans l’eau). C’est cet effet qui a été observé en juillet 2018 dans le port de Saint-Malo.
Le projet SUPPORT (SUivi de l’eutroPhisation dans le PORT de Saint-Malo) – année 1 a visé dans un premier temps à la mise en place d’un suivi allégé pour répondre aux questionnements des gestionnaires sur la survenue des épisodes anoxiques et comprendre le milieu.
Le suivi a porté sur des paramètres physico-chimiques (température, salinité, oxygène dissous et chlorophylle a) et le phytoplancton dans l’eau du bassin Bouvet du port de Saint-Malo entre juin 2020 et mai 2021.
Les résultats ont montré la fiabilité des suivis hautes fréquences du port pour la température et l’oxygène dissous. Ce dernier paramètre nécessite un nettoyage hebdomadaire de l’encrassement biologique intense généré sur la sonde.
L’analyse des indicateurs suivis dans l’eau avec les paramètres environnementaux disponibles (pluviométrie, vent, vannage, ensoleillement) a permis d’aborder la compréhension du fonctionnement des effets de l’eutrophisation.
Les importantes fluctuations du phytoplancton ainsi que les variations des concentrations en oxygène montrent que les phénomènes d’hypoxie sont bien liés à l’accumulation de matière organique d’origine phytoplanctonique.
C’est pourquoi le suivi de l’oxygène dissous est primordial pour anticiper la survenue de ces épisodes d’anoxie. Des seuils en oxygène dissous ont été identifiés pour la gestion du port : un seuil de vigilance : 11 mg/l (soit environ 150% en saturation d’oxygène) et un seuil d’alerte : 2 mg/l (soit environ 25% en saturation d’oxygène). Le risque d’atteinte de ce dernier seuil est maximal 5 à 7 jours après la fin de chaque cycle de surproduction d’oxygène.
L’ensoleillement se présente comme un facteur déterminant sur l’activité phytoplanctonique. Mais cette relation doit toutefois être confortée (peu de données), et il n’expliquerait que la moitié de la variabilité de l’oxygène.
L’autre facteur essentiel est les nutriments. Les rares données disponibles montrent des concentrations non compatibles avec une bonne qualité écologique (suivant les critères de la DCE).
Ces niveaux de concentration en nutriment sont régulièrement importants (jusqu’à 30 (nitrate + nitrite) à 150 (phosphate) fois plus importants que celles mesurées dans les masses d’eaux côtières proches). Ces résultats supposent un rechargement rapide des eaux du port en nutriments.
La population phytoplanctonique dans le bassin Bouvet est très différente en termes d’espèce et d’abondance, de ce que l’on observe sur le reste du littoral, avec un régime très amplifié. Les abondances en phytoplancton peuvent être jusqu’à 100 plus élevées dans le port que dans les eaux littorales.
Cette première année d’observation conclut sur la nécessité de poursuivre les investigations : suivi complet des nutriments, mesurer la variabilité spatiale (continuum bassin-avant-port), dynamique hivernale, suivi de la demande biologique en oxygène, prélèvement de sédiment, analyse des communautés benthiques, plancton gélatineux.
Mot-clé(s)
Eutrophisation, bloom, phytoplancton, anoxie, mortalité, oxygène dissous, nutriment, ensoleillement
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Version officielle éditeur | 51 | 4 Mo |