L’étang des Salines a été classé en 2015 en masse d’eau de transition au titre de la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau. Cette étude a été réalisée dans l’objectif de mettre en place un plan de surveillance adapté pour la DCE et de préconiser des grilles de diagnostics pour évaluer l’état écologique de cette lagune. Cinq stations ont été suivies mensuellement pendant 12 mois pour mieux comprendre le fonctionnement hydrologique et l’évolution du phytoplancton dans l’étang.

Le suivi des paramètres physico-chimiques met particulièrement en évidence une très forte variabilité de la température et de la salinité au cours de l’année et de façon relativement uniforme au sein de la masse d’eau. Une autre caractéristique de l’étang est sa turbidité très élevée sur toutes les stations avec une valeur médiane de 81 FNU.

Le suivi du phytoplancton a mis en évidence de fortes biomasses chlorophylliennes. Selon les mois, le groupe phytoplanctonique dominant n’est pas le même. En effet, les groupes de pico-, nano- et microphytoplancton sont constamment en compétition nutritive mais ce sont les petites cellules, le picophytoplancton, qui domine le plus souvent.

La forte production phytoplanctonique engendre une consommation de l’azote dissous qui reste ainsi à des niveaux très bas dans la colonne d’eau, engendrant une limitation par l’azote de la production primaire. Le phosphore dissous se retrouve alors en excès une partie de l’année (septembre 2018 à février 2019).

Les fortes biomasses phytoplanctoniques suggèrent donc une eutrophisation forte de la lagune, probablement liés à des apports nutritifs élevés entrainant un mauvais état de l’étang des Salines pour les paramètres nutriments et phytoplancton, selon les grilles DCE des lagunes méditerranéennes. L’eutrophisation de l’étang s’observe également dans les sédiments, très enrichis en matière organique. Du point de vue de la chlorophylle a, l’étang des Salines se positionne au même niveau que l’étang du Méjean, lagune méditerranéenne dont l’état est caractérisé d’eutrophe et diagnostiqué comme mauvais selon les seuils DCE. En revanche, les apports potentiels annuels d’azote issus des activités agricoles sur l’étang des Salines, estimés dans cette étude, sont inférieurs aux apports évalués sur l’étang du Méjean.

Deux campagnes ont permis d’établir la composition et le recouvrement des peuplements de macrophytes dans l’étang des Salines. L’étang est dans sa grande majorité constitué d’un sol nu, principalement couvert de vases très fines. Un très faible recouvrement par les macrophytes a été trouvé, ceux-ci sont limités à la frange côtière des petits fonds, à l’exception d’un herbier dense à Halophila stipulacea identifié dans la partie est de l’étang. Les peuplements macrophytiques sont peu développés car probablement limités par la turbidité, par l’ombrage généré par les biomasses phytoplanctoniques et par la compétition avec le phytoplancton pour les nutriments.

En conclusion, le suivi du phytoplancton, des nutriments et des sédiments semble être pertinent pour évaluer l’état écologique de cette masse d’eau de transition. L’application des grilles DCE disponibles pour les lagunes méditerranéennes poly- et eu-halines aux résultats semble également être appropriée. Il est également recommandé de continuer à suivre les paramètres hydrologiques pour une aide à l’interprétation des autres indicateurs. Un suivi du recouvrement et de la composition des macrophytes ne semble par contre pas pertinent.