SUCHIMED 2021 est la 10ème campagne de surveillance de la contamination chimique et de son évolution en Méditerranée. Elle a été bâtie comme une plateforme, support de différentes activités de surveillance et de recherche avec comme pilier principal le réseau RINBIO, qui consiste à réaliser une biosurveillance active par caging de moules.

Sur le plan de la contamination chimique, les principaux résultats de cette campagne indiquent :

·         En Occitanie,

o   la présence chronique de DDT depuis 20 ans ;

o   la détection de marqueurs terrigènes (Mn, As) entre les embouchures de l’Aude et de l’Hérault à laquelle s’ajoute une contamination en HAP et TCE (Pt) des sédiments aux abords de Port-La-Nouvelle.

·         En PACA,

o   un marquage en PCB entre le Rhône et Marseille (dans toutes les matrices) issus de sources multiples et sans évolution significative sur les 20 dernières années ;

o   une contamination en HAP des sédiments de la zone industrialo-portuaire de Fos ;

o   la présence de TBT à la station Carry-le-Rouet à une valeur supérieure à la concentration écologiquement acceptable (EAC) qui devra être confirmée lors de la prochaine campagne ;

o   la détection aux abords de l’agglomération marseillaise d’éléments métalliques et de HAP dans les sédiments, et en partie dans le plancton, auxquels s’ajoutent les TCE au niveau du rejet de la STEP de Cortiou ;

o   un marquage chronique en rade de Toulon de la colonne d’eau et des sédiments en PCB, HAP, métaux (Hg, Pb, Cu, TCE), PBDE et/ou composés organostanniques (TBT), sans tendance temporelle significative sur deux décennies pour les cinq premiers composés ;

o   la détection aux abords du fleuve Var de Cr, Mn et Ni dans la colonne d’eau et de HAP dans les sédiments, une différence de contamination entre les matrices qui interroge sur l’origine de la matière organique ;

o   un marquage en métaux (dont le Pb) et HAP en rade de Villefranche dans la colonne d’eau et le sédiment.

·         En Corse,

o   une forte influence du fond géochimique de l’île (i.e. fortes teneur en Cr et Ni) sur les concentrations obtenues ;

o   un marquage chronique de la colonne d’eau en Cu dans les ports de Porto-Vecchio et Bonifacio, qui apparait stable dans le temps, auquel s’ajoute pour ce dernier site la détection dans le sédiment de HAP, métaux (Hg, Pb, Zn) et dans une moindre mesure de PCB ;

o   un marquage du sédiment du littoral bastiais en HAP et en TCE ;

o   la détection de Pb et de TCE à l’embouchure du Golo ;

la contamination du site de Canari en métaux (Cr et Ni dans la colonne d’eau, Cu dans le sédiment), et surtout une écotoxicité avérée qui semble être liée à ces éléments.

La campagne 2021 a été l’occasion de mettre en évidence la faisabilité de la recherche d’effets sur les moules encagées à l’aide de biomarqueurs. Les marqueurs lysosomaux, moins sensibles aux différences de conditions trophiques, se sont avérés les plus à même de refléter l’état de stress général des organismes en lien avec leur contamination.

L’étude des transferts trophiques semble confirmer la diminution de la plupart des éléments métalliques (Cr, Cu, Fe, Mn, Ni, le Pb) et des HAP, la bioamplification du Hg et des PCB, et enfin la bioaccumulation spécifique de certains éléments par certains organismes (e.g. As ou Zn par les moules, HAP par le plancton).

Enfin, la campagne a mis en évidence la présence de micro et mésoplastiques sur la quasi-totalité des sites échantillonnés. Les valeurs de microplastiques mesurées sont concordantes avec la gamme des concentrations relevées en Méditerranée occidentale, avec une tendance à la réduction qui semble se dessiner au regard des données disponibles sur 10 ans.