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Estimation de la pêche illégale étrangère en Guyane française
Le CRPMEM, l'IFREMER et le WWF se sont associés pour mener à bien ce projet dont l’objectif est de quantifier la situation actuelle de pêche illégale étrangère en Guyane française.
Les données utilisées proviennent des missions de lutte contre la pêche illégale, centralisées par les services déconcentrés de l’Etat (survols aériens, opérations maritimes et données satellitaires). Quatre principales flottilles étrangères exercent une activité de pêche les eaux guyanaises : les caseyeurs guyaniens et les ligneurs vénézuéliens non licenciés ciblant le vivaneau au large, sur la côte ouest les navires en provenance du Suriname et du Guyana et sur la côte est ceux du Brésil.
De 2019 à 2023, le nombre maximal annuel de navires hauturiers étrangers observés en action de pêche est de 6 caseyeurs guyaniens et 34 ligneurs vénézuéliens non licenciés, pour 45 ligneurs vénézuéliens avec licence. Les résultats sont probablement sous-estimés car d’autres navires ont été observés dans la ZEE sans indication sur leur activité, jusqu’à 10 caseyeurs guyaniens et 84 ligneurs vénézuéliens non licenciés en 2022.
L’estimation de l’effort de pêche côtier annuel est basée sur les données de survols des Forces Armées de Guyane (FAG), réalisés en moyenne deux fois par mois, permettant de connaître le nombre de navires étrangers présents dans les eaux Guyanaises. Il a été estimé selon une hypothèse « faible » et une « forte » afin de tenir compte de la variabilité intra-annuelle du nombre de navires observés. Les résultats ont montré que l’effort de pêche des navires côtiers étrangers serait compris en moyenne entre 7 501 et 16 608 jours de mer sur la période 2019-2023, représentant entre 0,7 et 3 fois l’effort de pêche local une fois converti en kilomètres de filets déployés. La production totale des navires étrangers, calculée à partir des rendements reportés dans les procès-verbaux, est estimée en moyenne entre 0,7 et 4 fois la production des navires légaux sur cette même période. L’application de cette méthode aux données de 2009 à 2011 a montré que le nombre de jours de mer des navires étrangers aurait doublé au cours de la dernière décennie, en supposant que le protocole de survol des FAG n'a pas changé au cours des quinze dernières années.
Il convient de prendre en compte les limites inhérentes aux données issues de la LCPI dont l’objectif est de repérer le maximum d’infractions de pêche (survols planifiés en fonction des marées pour optimiser la détection des infractions ; contrôles en mer orientés vers les plus gros navires susceptibles d’être à l’origine de rendements plus importants). Par ailleurs, la méthode d'évaluation actuelle, basée uniquement sur les observations diurnes dans les eaux territoriales, ne tient pas compte des navires dissimulés dans les mangroves ou ancrés de l'autre côté de la frontière. Selon les témoignages des marins pêcheurs, ces navires pourraient participer à un effort de pêche nocturne qui serait bien plus conséquent que celui observé en journée.
Deux séries de survols quotidiens ont été organisés par le WWF pour i) étudier la variation journalière du nombre de navires étrangers et ii) la durée de leur marée dans la bande côtière guyanaise. Le nombre de navires étrangers dans la ZEE est significativement plus faible lorsque le patrouilleur est en action dans la zone de pêche. Leur présence est en plus élevée le week-end en haute saison des pêches (maximum observé : 103 navires), vraisemblablement en raison d'une moindre occupation de la zone de pêche par les pêcheurs légaux. Les tapouilles brésiliennes semblent réaliser de plus courtes incursions comparativement aux navires côtiers du Suriname et du Guyana qui passent plusieurs jours consécutifs dans les eaux guyanaises. La pérennisation de ces survols est essentielle pour consolider ces résultats.
Cette étude aura permis d'objectiver la situation de la pêche illégale d'origine étrangère en Guyane française, en réalisant une estimation prenant en compte l'incertitude liée à la quantité et à la qualité des données utilisées. La pérennisation des missions entreprises dans le cadre de cette étude est essentielle pour assurer le suivi de l’activité de pêche illégale, qui représente une menace croissante pour les pêcheries locales légales, ressources exploitées et autres espèces non ciblées telles les tortues et mammifères marins dont les populations sont en danger.
The CRPMEM, IFREMER, and WWF have partnered to carry out this project, which aims to quantify the current situation of illegal foreign fishing in French Guiana.
The data used come from missions to fight against illegal fishing, coordinated by the decentralized services of the French State (aerial monitoring, maritime operations, and satellite data). Four main foreign fleets carry out in fishing activities in the French Guianese waters: pot fishers from Guyana and unlicensed Venezuelan longliners targeting snapper offshore, Surinamese and Guyanese vessels on the west coast, and Brazilian vessels on the east coast.
From 2019 to 2023, the maximum annual number of foreign offshore vessels observed fishing was 6 Guyanese pot fishers and 34 unlicensed Venezuelan longliners, compared to 45 licensed Venezuelan longliners. The results are likely underestimated as other vessels have been observed in the EEZ without indications of their activities, up to 10 Guyanese pot fishers and 84 unlicensed Venezuelan longliners in 2022.
The estimated annual coastal fishing effort is based on aerial surveillance data from the Armed Forces of French Guiana (FAG), conducted on average twice a month, allowing the determination of the number of foreign vessels present in French Guianese waters. It was estimated according to a "low" and a "high" hypothesis to account for the intra-annual variability in the number of vessels observed. The results showed that the fishing effort of foreign coastal vessels averaged between 7,501 and 16,608 sea days during the 2019-2023 period, representing between 0.7 and 3 times the local fishing effort when converted to kilometers of nets deployed. The total production of foreign vessels, calculated from the yields reported in the reports, is estimated to be on average between 0.7 and 4 times the production of legal vessels over the same period. Applying this method to data from 2009 to 2011 showed that the number of sea days of foreign vessels would have doubled over the last decade, assuming that the FAG's overflight protocol has not changed over the past fifteen years.
It is important to consider the inherent limitations of data from the LCPI, whose objective is to detect the maximum number of fishing infractions (overflights planned according to tides to optimize infraction detection; sea inspections oriented towards larger vessels likely to yield higher catches). Furthermore, the current evaluation method, based solely on daytime observations in territorial waters, does not account for vessels hidden in the mangroves or anchored on the other side of the border. According to fishermen's testimonies, these vessels might participate in nighttime fishing efforts that could be higher than those observed during the day.
Two series of daily overflights were organized by WWF to i) study the daily variation in the number of foreign vessels and ii) the duration of their tides in the coastal strip of French Guiana. The number of foreign vessels in the EEZ is significantly lower when the patrol vessel is active in the fishing zone. Their presence, however, is higher on weekends during the peak fishing season (maximum observed: 103 vessels), likely due to a lower presence of legal fishers in the fishing zone. Brazilian tapouilles seem to make shorter incursions compared to coastal vessels from Suriname and Guyana, which spend several consecutive days in the waters of French Guiana. Continuing these overflights is essential to consolidate these results.
This study has allowed for an objective assessment of the situation of illegal foreign fishing in French Guiana by making an estimation that takes into account the uncertainty related to the quantity and quality of the data used. The continuation of the missions undertaken in this study is essential to ensure the monitoring of illegal fishing activity, which poses a growing threat to local legal fisheries, exploited resources, and other non-target species such as turtles and marine mammals whose populations are endangered.
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