La baie de Granville dans le golfe normano-breton, située en Manche Est, représente la principale région française et européenne de pêche du buccin (Buccinum undatum) et génère une activité économique importante (environ 8000 tonnes et 12 millions € par an). Cette pêcherie est exploitée par 50 à 60 caseyeurs (arts dormants). Elle est très encadrée réglementairement (licences, quotas journaliers, taille minimale de capture). Bien que la production estimée soit relativement stable ces dernières années, la pêcherie reste vulnérable car localisée dans la partie méridionale de l’aire de répartition de l’espèce et pourrait être impactée défavorablement par un réchauffement climatique (Cf. derniers scenarii du GIEC). En ce sens, le buccin pourrait constituer une espèce sentinelle dans l’étude de ces changements. Ainsi, un projet de recherche BESTCLIM (BUCCIN, ESPECE SENTINELLE POUR LE CLIMAT) financée par la Région Basse-Normandie, a été mis en place pour étudier et mieux connaitre cette espèce. Il regroupe Synergie Mer et Littoral (SMEL), le Comité Régional de Basse Normandie, l’Université de Caen Basse-Normandie et l’institut IFREMER. Une partie de ce projet est d’étudier la croissance. Celle-ci est généralement suivie chez les mollusques à partir de l’observation de stries dites de croissance sur les pièces dures de l’animal. Chez le buccin, l’opercule, disque de chitine adhérant au pied, était utilisé. Il présente des stries concentriques, alternativement d’épaisseurs variables, identifiées comme stries de croissance (Santarelli, 1985). Cependant, l’opercule étant une pièce externe plutôt souple, les stries ne sont pas toujours observables de façon très distincte car « parasitées » par des rayures apparues pendant la vie de l’animal. Ainsi, à  travers le projet BESTCLIM, une étude portant sur l’âge des buccins a été mis en place en utilisant le statolithe. La plupart des mollusques (dont les Gastéropodes, les Céphalopodes et les Bivalves) possèdent une paire de statocystes localisés à proximité de ganglions cérébroides, dont le statolithe est composé de carbonate de calcium (CaCO3) et de sphérules calcaires (ou statoconies) cerclée d’une fine matrice organique (Cragg et al., 1977; Williamson et al., 2004; Sakakibara, 2006; Tanzarella, 2006). Cette étude a été réalisée sur la croissance du buccin, dans la principale zone française de production de cette espèce, à savoir le golfe normano-breton. Les 2 principales questions étaient : la faisabilité d’estimation d’âge du buccin à partir des statolithes, l’obtention d’un modèle de croissance pour cette espèce. Pour répondre à cela, des tests d’extraction, de préparation et d’interprétation des statolithes ont été réalisés sur 39 individus qui couvraient la totalité de la gamme de taille des individus commerciaux. Cette échelle de taille est relativement restreinte (de 25.49 mmm à 78.96 mm). Les résultats ont montré qu’il est possible d’utiliser les statolithes pour estimer l’âge des buccins qui corrobore les premiers résultats d’Hollyman et al. (2014). Cependant, la méthodologie appliquée à la préparation des statolithes est très chronophage par rapport à d’autres pièces calcifiées utilisées comme l’opercule (Heude-Berthelin et al. 2011). De plus, les données ont permis d’ajouter un modèle de croissance de von Bertalanffy qui montre que pour les buccins du golfe normano-breton, à un âge donné, la taille moyenne estimée à partir des statolithes est bien plus importante qu’à partir de l’opercule.Cette différence observée selon la pièce calcifiée utilisée devrait être confirmée en utilisant les mêmes individus pour les 2 pièces calcifiées testées. Cela devrait permettre de savoir si cela est confirmé s’il est nécessaire de n’utiliser que tel ou tel type de pièce calcifiée.