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Avis 12 sur la modification génétique des animaux à l’épreuve de l’édition du génome
Opinion 12 on the use of genome-editing technologies in animals
La modification génétique des animaux à l’épreuve de l’édition du génome
Le 12e avis du comité d’éthique commun Inra-Cirad-Ifremer (CE) est consacré à l’utilisation des technologies d’édition du génome comme CRISPR-Cas9 à des fins de modification du génome des animaux par
mutagenèse ciblée. Il s’inscrit dans le prolongement de son avis sur l’édition des génomes végétaux. Dans cet avis, le CE considère d’une part, les animaux de rente et, d’autre part, les animaux considérés nuisibles.
Animaux de rente
Le CE souligne l’intérêt de ces méthodes pour faire progresser les connaissances ainsi que leur souplesse et leur précision comparativement aux méthodes de génétique classique et de mutagenèse aléatoire.
Toutefois, compte tenu du caractère finalisé de l’Inra, du Cirad et de l’Ifremer, il considère légitime de s’interroger sur l’application de ces connaissances et de ces méthodes pour améliorer le bien-être et la productivité des animaux d’élevage.
Le CE considère indispensable que le choix des applications agronomiques de l’édition de génome aux animaux d’élevage, terrestres et aquatiques, intègre la prise en compte d’un critère de pertinence sociale et d’adhésion de la société. Il souligne l’importance d’intégrer, dans les objectifs de sélection, des avantages procurés aux animaux d’élevage, aux consommateurs et à la société. Il recommande également aux trois organismes de recherche et aux équipes de recherche concernées d’améliorer l’intelligibilité du débat par la diffusion d’une information de qualité.
Animaux jugés nuisibles
Le CE s’est penché plus particulièrement sur le forçage génétique utilisé dans la lutte contre les animaux nuisibles, notamment les insectes vecteurs de maladies humaines. Cette approche a pour objectif de favoriser la transmission d’un caractère par reproduction sexuée afin qu’il soit diffusé le plus rapidement possible dans une population cible. Le forçage génétique est envisagé principalement pour transmettre des caractères délétères susceptibles de mener à l’élimination de populations locales ou d’espèces entières.
Le CE a analysé dans quelle mesure le forçage génétique par édition de génome transforme les pratiques de lutte contre les animaux et insectes jugés nuisibles (lutte chimique ou biologique) ainsi que ses risques potentiels. Il conclut que l’analyse des risques, qu’ils soient de nature écosystémique ou de déplacement/renforcement des problèmes que le forçage génétique est censé résoudre, ne peut se faire qu’au cas par cas, en évaluant notamment la possibilité de dissémination à une échelle plus large qu’initialement prévu, et les possibilités de réversion de ses effets.
Le CE reconnaît l’importance des valeurs sous-jacentes aux arbitrages entre plusieurs conséquences possibles du forçage génétique, tant positives que négatives, et souligne l’importance de prendre en compte simultanément les aspects scientifiques, éthiques, politiques et démocratiques.
Recommandations
Au vu de l’importance des questions soulevées, y compris sur le plan philosophique et éthique, le CE recommande la prudence dans l’usage des techniques d’édition de génome appliquées aux animaux, en tenant compte notamment de la difficulté de confiner la recherche et d’assigner des limites. Le CE propose également à l’Inra, au Cirad et à l’Ifremer une liste de recommandations spécifiques, relatives :
- À l’utilisation des techniques d’édition de génome comme outil de connaissance et de recherche finalisée
- Au choix des priorités
- À la prise en compte du bien-être animal
- À la nécessité de poursuivre des recherches sur le forçage génétique
- À l’exigence d’information de la société.