La pression sociétale et médiatique sur la filière pêche pour qu'elle augmente ses standards environnementaux et sociaux est forte. En Europe et en France en particulier la pêche a fait l'objet au cours de ces dernières années de débats sociétaux : pêche profonde, pêche au chalut électrique, équité de l'accès à la ressource (bar, thon rouge), empreinte carbone des activités de pêche, captures accidentelles de dauphins, qui se sont accompagnés d'une implication accrue des ONG et de la montée en puissance de nouveaux groupes d'opinion représentant la petite pêche et les pêcheurs de loisir. Dans ce contexte, un petit groupe multidisciplinaire constitué à l'Ifremer a travaillé à ré-explorer les différentes dimensions de la durabilité dans le contexte de la pêche commerciale, non pas pour certifier ou non telle ou telle pêcherie, mais pour se donner les moyens en tant que scientifiques de répondre aux questions sociétales liées aux stratégies de durabilité à mettre en oeuvre pour la pêche française, en tenant compte de l'évolution de la société, des usages et des ressources du milieu marin. Nous avons travaillé sur un cadre théorique, en élaborant une liste de critères nécessaires à notre sens pour évaluer la durabilité d'une activité de pêche, sans se préoccuper des indicateurs ou des données disponibles, mais bien des besoins. Nous nous sommes penchés sur les indicateurs permettant de renseigner ces critères dans un second temps, en nous appuyant sur le travail conséquent existant déjà, en particulier pour les volets Dynamique des stocks exploités et Economique, et en identifiant les manques. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux dimensions moins explorées (sociales, qualité du produit et bien-être animal, valorisation des co-produits, impact sur les habitats par technique de pêche) pour à terme produire des indicateurs qui pourraient venir compléter ceux existants. L'application de ce cadre à des cas d'étude impliquera nécessairement de travailler sur l'intégration de l'ensemble des critères pour répondre à la question posée. Les méthodes de décisions multicritères font l'objet d'une revue bibliographique en dernière partie de ce rapport.