Les produits issus de l'aquaculture côtière en zone tropicale sont une ressource pour des millions de personnes. De nombreux pays du Sud favorisent le développement de cette activité pour augmenter le niveau de vie, limiter l'exode rural mais aussi assurer la sécurité alimentaire de leurs populations. En 2018, la production mondiale de crustacés, produit phare de cette économie soumise à une forte demande internationale, était légèrement inférieure à 6 millions de tonnes. Avec un taux de croissance annuel de 5% au cours de la dernière décennie, ce secteur industriel a étendu et continue d’étendre et d’intensifier son activité sur la zone côtière. Depuis les années 80, pratiques et modes de productions mis en œuvre sont contraints par l'émergence de nombreuses maladies qui surviennent quelques années seulement après la mise en activité. S’ensuivent de grandes difficultés économiques et dans certains cas l’abandon des bassins aquacoles. Cette croissance pose aussi de nombreux problèmes environnementaux et sociétaux remettant au cause même la durabilité de cette filière.

L’objectif de ce manuscrit est de partager l’expérience acquise dans différentes régions du monde (Nouvelle-Calédonie ; Indonésie, Vietnam) autour de ce thème de la durabilité. J’aborde différents enjeux inhérents à cette problématique à travers 10 chapitres que sont : (i) les flux de matière entre l’environnement et le système de production et au sein des structures d’élevage, (ii) les facteurs environnementaux qui provoquent un stress chez les animaux élevés ; (iii) les causes environnementales et zootechniques de l’émergence des épizooties ; (iv) la diversité et la dynamique du phytoplancton en incluant les algues potentiellement dangereuses ; (v) les risques d’acidification des sédiments des bassins à différentes échelles de temps ; (vi) les conditions environnementales conduisant à une contamination des animaux en métaux ; (vii) les liens entre crevetticulture et environnement en décrivant les différents risques pour l’environnement liés à cette activité humaine mais inversement les risques pour cette activité liés à l’environnement ; (viii) la recherche de solutions centrées sur l’environnement pour consolider cette filière fragilisée par des crises successives, chapitre dans lequel j’aborderai la diversification des espèces élevées, l’intensification écologique du système de production et le développement d’une aquaculture multi-trophique intégrée ; (ix) la mise en place d’outils innovants pour une surveillance et une gestion durable des systèmes ; et enfin (x) La problématique de réhabilitation des sites abandonnés par les fermiers et donc de la non durabilité de certaines pratiques. Pour essayer de discriminer au mieux les enjeux actuels pour aller vers plus de durabilité, le document se poursuit par une discussion sur les questions qui se posent à l’échelle mondiale et à une échelle plus locale, celle de la Nouvelle-Calédonie.

En fin de document, j’aborde mes activités actuelles qui se sont diversifiées autour de la vulnérabilité des espaces côtiers et je fais un point sur ma production scientifique fin 2021, sur mon implication dans la formation des étudiants et sur mon travail de vulgarisation à destination du grand public.