Copier ce texte
Amélioration de la connaissance des pressions (contamination chimique) sur le continuum terre-mer de 3 bassins versants de Mayotte et de leurs Masses d’Eaux Littorales associées via l’utilisation d'Échantillonneurs Passifs Intégratifs
La préservation des ressources en eau est un enjeu majeur pour Mayotte, que ce soit pour les eaux douces (eaux de surface ESU et eaux souterraines ESO), mais aussi pour les eaux marines par la préservation de la qualité et donc de la biodiversité des eaux du Lagon.
Le cycle de surveillance de la Directive Cadre sur l’Eau 2016-2021 a été le premier cycle officiel pour le bassin hydrographique de Mayotte. Le cycle précédent (2010-2015) a, quant à lui, permis d’ajuster certains paramètres (fréquence de prélèvement, logistique d’échantillonnage et d’analyse, etc.) de la surveillance et de stabiliser les réseaux ESU/ESO.
Cependant, après les états des lieux en 2013 puis en 2019, la surveillance des ESU par les méthodes conventionnelles (échantillonnage ponctuel) apparait peu informative quant aux substances présentes. Les substances recherchées, ont été, par manque de connaissances locales sur les pratiques, calquées par défaut sur la liste du bassin de La Réunion.
En effet, malgré des impacts évidents des activités humaines sur l’état physico-chimique et écologique des masses d’eau cours d’eau et littorales, les résultats de la surveillance ne permettent pas d’identifier les pressions (intrants, pratiques, fréquences d’utilisation, etc.).
Les objectifs de cette étude portée par le Parc Naturel Marin de Mayotte, l’Ifremer et le BRGM étaient de :
* Améliorer la connaissance des pressions sur des masses d’eau cours d’eau et littorales à fort enjeux ;
* Améliorer la connaissance du comportement des substances d’intérêt le long de continuum terre-mer ;
* Elargir le spectre des substances chimiques recherchées à Mayotte ;
* Etudier les capacités opérationnelles des échantillonneurs intégratifs passifs dans un contexte complexe prospectif.
L’étude s’est déroulée en deux phases :
* Une première phase de screening qualitatif réalisée sur quatre bassins versants présentant de forts enjeux (AEP, assainissement, écologie). Des échantillonneurs intégratifs passifs (EIP) ont été placés sur la partie aval du bassin versant sur une année hydrologique complète afin d’obtenir un panorama complet des substances présentes ;
* Une deuxième phase dite de prospection radiale, réalisée sur trois bassins versants anthropisés, a consisté à poser des EIP en 6 ou 7 points le long du continuum terre-mer. Cette deuxième phase a permis de restreindre les molécules recherchées et de les quantifier le long du continuum terre-mer allant de l’amont du bassin versant jusqu’à la barrière de corail.
Les EIP choisis pour l’étude (DGT, POCIS, membrane silicone et SBSE) offrent la possibilité d’échantillonner des métaux, des molécules organiques polaires et des molécules organiques apolaires ; couvrant ainsi l’ensemble du spectre des molécules recherchées.
L’utilisation des échantillonneurs intégratifs passifs a permis de mettre en évidence des contaminations, plutôt faibles par rapport à d’autres contextes nationaux, mais marquant tout de même une pression anthropique croissante notamment en confirmant la présence de métaux, de phytosanitaires, de médicaments mais aussi de composés utilisés dans la vie courante, marqueurs de l’activité humaine.
Ces travaux permettent d’avoir une première vision des pollutions, pour certaines anciennes (comme celles par les insecticides organochlorés qui ne sont plus autorisés) mais aussi récente, comme celles en médicaments apportées par les rejets d’eaux usées.
L’étude des continuums montre un gradient de contamination de l’amont vers l’aval, retranscrivant l’implantation de populations le long des rivières. Elle montre également la présence de pollution jusque dans le lagon, réceptacle final des pollutions, malgré le phénomène de dilution.
L’utilisation nouvelle de l’approche non ciblée a permis de mettre en évidence un certain nombre de substances jamais identifiées sur Mayotte et qui pourraient croître au cours des années à venir. Un certain nombre de pesticides, d’usage interdit, sont quantifiés, soit en lien avec les anciens usages et la persistance des molécules dans les compartiments environnementaux, soit comme cela a déjà été montré par les autorités, à cause de l’introduction et de l’utilisation sur l’île de molécules pour des usages non approuvés.
La présence de molécules pharmaceutiques mais aussi de molécules marquant les usages anthropiques met en lumière la faiblesse des infrastructures de récupération et de traitement des eaux usées. L’accroissement des populations va amplifier ce phénomène.
Les données obtenues vont permettre d’ores et déjà d’échanger avec les différents services de l’état, pouvant intervenir soit à la source (pratiques agricoles, limitation des intrants et des mésusages), soit dans l’atténuation (renforcement des réseaux d’assainissement, efficacité des traitements).
Emprises
-12.503717N, -13.100976S, 45.556183E, 44.839325W
Texte intégral
Fichier | Pages | Taille | Accès | |
---|---|---|---|---|
Version officielle éditeur | 87 | 6 Mo |